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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 12:27

 Perceval , un être à éduquer ! 

               Orphelin de père, Perceval n'a pas reçu d'initiation à la chevalerie , pas plus qu'il n'a eu de modèle à suivre, d'autant que ses deux frères sont morts. Selon les principes de la société du Moyen-âge, société patriarcale et non pas matriarcale, sa mère aurait pu le confier à un "maître-chevalier",  en sorte qu'il reçoive l'éducation à laquelle légitimement il devait prétendre. Mais Perceval n'est pas élevé comme un fils de chevalier au contraire il est éduqué en dehors et même contre la chevalerie.  " Jamais on ne vous laissait voir un chevalier", lui avoue sa mère et elle précise qu'elle nourrissait le secret espoir que jamais il n'en vît .Sa mère a voulu le protéger  des dangers de la chevalerie. Son fils est sa seule raison de vivre, elle est rongée par la peur de le perdre ( sitôt que Perceval la quitte, elle meurt) : " Vous étiez mon réconfort et tout mon bien" lui avoue-telle dés qu'elle a compris qu'elle ne pourrait pas l'empêcher de se rendre à la cour du roi Arthur.

                L'éducation morale et religieuse de Perceval, qui relève généralement de la mère reste très superficielle : la notion de Bien et de Mal se résume à des superlatifs d'infériorité  et à des  superlatifs de supériorité : " Les diables sont les plus laides choses du monde" ( 35), " Les anges les plus belles choses qui soient" ( 36) et " Dieu plus beau que tous." (36). Connaissance toute théorique puisque lorsqu'il aperçoit des chevaliers pour la première fois, il  prend le plus beau de tous pour Dieu, et les autres pour des anges, étant donné qu'il n'a jamais rien vu d'aussi beau et tout naturellement il se prosterne devant ce Dieu chevalier et récite ses prières.

              La pratique religieuse de Perceval relève de la plus grande niaiserie et s'apparente plus à de la superstition qu'à de la dévotion : il se signe pour se protéger du diable et il se conforme à la règle tripartite dictée par sa mère : " Adorer Dieu, le supplier, l'honorer." Les prières qu'il récite sont un mécanisme automatique : " Il récite à la file toutes les oraisons que sa mère lui a apprises." et il ne sait pas même ce qu'est un "moutier" ce qui implique que jamais il n' a assisté à la messe ni vu un prêtre.

                En matière de relations sociales, Perceval ignore tout des règles qui régissent le comportement avec autrui. Seul avec sa mère, sans contact avec qui que ce soit ( lorsqu'il rencontre sa cousine, on apprend qu'elle a vécu avec lui dans la Gaste Forêt mais de toute évidence Perceval n'en a aucun souvenir), il est un être asocial. Sa connaissance de la gente féminine se limite à celle de sa mère et à ses chambrières avec qui il a échangé quelques baisers.

                Aussi force est de constater que Perceval n'est préparé qu'à mener une existence dans un monde clos sur lui-même. C'est un sauvageon qui n'a aucun sens des réalités et qui  est dépendant en toutes choses de sa mère. Dés lors, on comprend les inquiétudes de sa mère qui considère sa sortie de la forêt comme un danger extrême. En rupture totale avec la civilisation, livré à lui-même, Perceval part avec un sérieux handicap.

                 Il est certain que Perceval n'a pas eu le temps d'assimiler ces conseils. Ill écoute docilement et tout aussi docilement il s'engage à les respecter.

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